
Ils sont entre 20.000 et 25.000, vêtus de camouflage, armés jusqu’aux dents, aguerris à traquer le moindre mouvement dans les sous-bois… et prêts à tirer. Non, ce ne sont pas des soldats professionnels, mais bien nos chasseurs belges. Et si, au lieu de massacrer faisans d’élevage, canards relâchés la veille ou chevreuils apeurés, ils mettaient enfin leurs “talents” au service d’une cause utile ? L’Ukraine manque de renforts : l’occasion rêvée pour ce bataillon d’élite d’affronter un adversaire armé, mobile et potentiellement… dangereux.
Amoureux de l’adrénaline, des armes et de la mise à mort ? Kiev les attend.
Ils aiment l’uniforme (ou à défaut le camouflage), les armes à feu, le frisson du tir, la traque, et surtout la mise à mort. Mais que font donc encore en Belgique nos 25 000 valeureux chasseurs alors que l’Ukraine manque cruellement de soldats ?
L’idée semble saugrenue à première vue, mais en y réfléchissant bien, elle tient debout. Ces hommes (et quelques femmes), fièrement armés, équipés de jumelles thermiques dernier cri, de 4×4 qui coûtent deux SMIC mensuellement, de chiens dressés pour « lever » le gibier… n’ont-ils pas toutes les qualités que demande un champ de bataille réel ? Du courage, bien sûr.
D’un point de vue logistique, c’est parfait : ils sont déjà en tenue, armés jusqu’aux dents (littéralement, pour certains), et opérationnels tous les week-ends, parfois même en semaine, en catimini, sur des domaines privés. On pourrait presque croire qu’ils s’entraînent depuis des années pour un conflit majeur. Et ce n’est pas une blague : certains le disent eux-mêmes, c’est « un sport de précision » ou encore « une tradition virile qu’on se transmet entre hommes ». Tout ce qu’il faut pour briller dans un conflit armé. À condition que l’ennemi soit un peu plus coriace qu’un faisan, né en captivité, lâché cinq minutes plus tôt d’un camion.
Rappelons-le : ces chasseurs abattent chaque année en Belgique plusieurs millions d’animaux, parfois importés d’ailleurs (faisans et canards élevés en batterie, convoyés, et tirés à bout portant). Et quand on leur parle de souffrance animale ? Silence radio. Quand on leur évoque la biodiversité ? Ils vous sortent fièrement qu’ils sont les premiers écologistes. Quand on leur montre les photos des enfants qui trouvent des plombs dans leur jardin ? Ils disent que ce n’est pas eux.
Alors pourquoi ne pas les envoyer là où le « courage » et les « instincts de survie » qu’ils revendiquent seraient utiles ? L’Ukraine cherche des renforts. Il paraît que là-bas, les ennemis ripostent. Oui, ils tirent aussi. Ce n’est plus de la chasse, c’est de la guerre — mais après tout, n’est-ce pas ce que certains espèrent secrètement vivre à travers leur passion sanglante : tuer des humains ?
Et puis, c’est aussi une question de cohérence morale. À ceux qui aiment tirer, qui défendent « leur droit à tuer », à ceux qui se sentent les justiciers des bois, les protecteurs de l’ordre naturel (vous savez, celui qui consiste à vider les forêts de leurs habitants), nous disons : faites donc preuve de cette bravoure que vous clamez si fort. Là-bas, en Ukraine, ce ne sont pas des faisans sans défense qui volent maladroitement. Ce sont des soldats, eux aussi armés. Vous aurez enfin des adversaires à votre taille.
Ironie du sort, les citoyens signent par dizaine de milliers des pétitions contre la chasse, contre les lâchers d’animaux, contre les balles perdues dans leurs jardins… Mais les chasseurs, eux, restent bien au chaud, protégés par leurs cercles privés, leurs bourgmestres complaisants, et des ministres sourds.
Chez Animals Protect, nous rêvons d’un monde sans armes dans les forêts. Un monde où les bottes de camouflage laisseraient la place aux chaussures de randonnée, et où les canards colverts voleraient loin des détonations de fusils. Mais en attendant ce monde, l’Ukraine a besoin d’hommes en armes. Peut-être que le prochain charter vers Kiev pourrait embarquer quelques fusils de chasse et chasseurs wallons. Juste pour voir si leur passion résiste aux balles des russes.
Je suis anti – chasse !!