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En Wallonie, le bien-être animal s’arrête là où la chasse commence

En région wallonne, lorsqu’une association de défense des animaux interpelle le ministre du bien-être animal au sujet des lâchers massifs de faisans et de canards, le dossier est… transféré au cabinet de la ministre de la chasse. Voilà comment on répond à plus de 31.000 signatures citoyennes, à des animaux élevés en cages, relâchés pour être exécutés et aux familles qui vivent près des propriétés où se déroulent ses massacres.

Animals Protect avait envoyé à la ministre Dalcq un courrier clair et sans agressivité parlant de « massacre ludique » et de mise en danger réelle des riverains. Nous lui demandions pourquoi la Wallonie continue ce que la Flandre a déjà interdit depuis 2014.

Elle a osé répondre ceci, dans un style technocratique parfaitement vide :

« Dans les limites du cadre légal actuel, il apparaît souhaitable, pour la préservation de la petite faune des plaines, de favoriser l’amélioration des habitats naturels. Cela permettrait, lorsque des lâchers s’avèrent nécessaires à la préservation de certaines populations, de les réaliser de manière cohérente avec la capacité d’accueil du milieu, tout en prenant en compte les enjeux sanitaires, environnementaux et génétiques. »

La violence est maquillée en « préservation »

Ce passage dit tout. Nous parlons ici de tirs de loisir, de faisans élevés en Pologne puis tirés comme des balles en carton. Et on ose nous répondre en utilisant les mots « préservation », « capacités d’accueil » ou « génétique ». C’est une tentative de camouflage politique : organiser des massacres tout en se drapant de vocabulaire environnemental.

Pendant ce temps, plus de 31.000 citoyens demandent l’interdiction. À Lasne, les riverains trouvent des plombs dans leurs jardins, des animaux paniqués sur les routes, des sentiers barricadés par de riches propriétaires. Et le gouvernement wallon répond par des consultations « toutes sensibilités confondues ».

Rien de nouveau : même en 2003, le Parlement parlait déjà de cette honte

Ce sujet n’a rien de neuf. En 2003, le Parlement wallon avait déjà voté à l’unanimité une résolution affirmant qu’il ne peut y avoir chasse que lorsque l’animal est sauvage et capable de se défendre.


Se défendre ? Essayez, vous, de vous défendre face à une vingtaine d’hommes en tenue de guerre et fusil chargé.

En 2023, 40 représentants du monde de la chasse ont eux-mêmes demandé au ministre Borsus d’en finir avec les lâchers de tir. Même Georges-Louis Bouchez disait en 2023 ne soutenir que les lâchers destinés au repeuplement. En 2024, avant les élections, tous les grands partis francophones s’étaient officiellement dits opposés à ces lâchers. Et pourtant, dans la Déclaration de Politique Régionale parue en juillet… pas une ligne pour les interdire.

Deux camps, très clairement

  • Les chasseurs : « Nous voulons continuer à abattre des animaux sans défense pour notre plaisir, parce que nous aimons tuer. »
  • Animals Protect, AnimalWeb, 31.000 citoyens : « Ce n’est plus tolérable, plus digne, plus admissible en 2025. »

Ce que nous pouvons faire

Je ne suis pas ministre. Je n’ai pas le pouvoir d’interdire ces pratiques. Mais je peux dénoncer, écrire, filmer, montrer ce qu’ils veulent cacher.

Un court-métrage est déjà en préparation afin de montrer l’absurde cruauté de ces lâchers. Ce ne seront pas que des images : c’est une colère qui devient film, une indignation qui se transforme en action créative.

Animals Protect continuera d’agir sur le terrain, aux côtés des riverains, pour documenter chaque lâcher, chaque camion, chaque tir des chasseurs. Ce n’est plus une demande gentille, c’est une exigence d’éthique.

Animals Protect continuera le combat

Voilà où nous en sommes. Si les ministres wallons veulent continuer à soutenir cette barbarie et protéger les chasseurs de loisir, qu’ils l’assument clairement. De notre côté, nous n’attendons plus rien des salons ministériels : nous continuerons à créer, dénoncer, agir et déranger. Nous n’avons pas de fusils, mais nous avons des images, des témoignages et des citoyens en colère. Ce n’est que le début.

Rédaction – Animals Protect