Depuis plusieurs mois, des courriers, des courriels se succèdent entre AnimalWeb Belgique, Animals Protect et responsables politiques wallons. Les ministres concernés, qu’il s’agisse d’Adrien Dolimont (Bien-être animal), d’Anne-Catherine Dalcq (Chasse) ou d’autres figures du gouvernement ont tous été interpellés. Les réponses, quand il y en a, existent, oscillent entre promesses de « concertations », renvois de compétence ou rappels de lois datant du XIXe siècle. Pendant ce temps, la réalité reste inchangée : plus de 200.000 faisans et canards sont toujours élevés, importés et relâchés chaque année en Wallonie, uniquement pour être abattus par quelques privilégiés. Ces échanges révèlent une constante : malgré les faits documentés, malgré les alertes répétées, malgré une pétition dépassant aujourd’hui 31.000 signatures, rien de concret n’a été décidé. Voici donc, de manière chronologique, les échanges avec les différents ministères concernés, qui illustrent tristement ce décalage entre les paroles et les actes.

Échanges avec les ministres : promesses, silences et renvois de compétence

Echange d’e-mails avec Adrien Dolimont

Adrien Dolimont est membre du parti politique belge MR (Mouvement Réformateur). Il est le ministre-Président du Gouvernement wallon en charge du Budget, des Finances, de la Recherche et du Bien-être animal.

Interpellation le 05 juin 2025

Je me permets de vous contacter en tant que citoyen soucieux de la transparence concernant les pratiques cynégétiques sur le territoire de la commune de Lasne, en particulier dans le hameau de Maransart.

Des informations circulent au sujet de lâchers importants de faisans et de canards colvert sur le territoire communal, notamment en lien avec des battues organisées sur des terrains privés. Dans un souci de clarté et d’information du public, je souhaiterais savoir :

  • S’il y a eu des lâchers de gibier (faisans, canards colvert, etc.) sur le territoire de Lasne ces dernières années, et si oui, dans quels lieux et à quelles dates ;
  • Si des autorisations ou déclarations officielles sont exigées pour ces lâchers, et s’il est possible de consulter ces documents en tant que citoyen ;
  • S’il existe une carte ou une liste des zones de chasse autorisées ou concédées sur le territoire communal, accessible au public ;
  • Et enfin, s’il y a eu des plaintes, remarques ou signalements relatifs à la faune relâchée ou aux activités de chasse à proximité de zones publiques (promenades, habitations, sentiers…).

Je vous remercie par avance pour votre réponse, qui contribuera à une meilleure compréhension des pratiques en cours et au respect du cadre légal en matière de chasse et de gestion de la faune.

Interpellation du 10 Juillet 2025

Monsieur le Ministre,

Je me permets de vous écrire une nouvelle fois en tant que citoyen engagé et fondateur de l’ASBL Animals Protect, au sujet des lâchers massifs de faisans et de canards colverts à des fins de chasse dite « de loisir », notamment observés dans la commune de Lasne, mais aussi présents ailleurs en Wallonie.

Malgré deux e-mails envoyés à votre secrétariat en date des 18 juin et 1er juillet 2025, aucune réponse ne m’a été apportée à ce jour. Cette absence de considération face à un sujet aussi grave soulève de nombreuses incompréhensions, d’autant plus que la pétition citoyenne que je vous joins aujourd’hui a déjà recueilli plus de 30.750 signatures ainsi que plus de 300 commentaires indignés.

1. Une pratique incompatible avec toute politique sérieuse de bien-être animal

Les chiffres transmis par l’AFSCA indiquent que plus de 200.000 oiseaux (faisans et canards colverts) sont élevés en captivité chaque année, puis importés ou relâchés artificiellement dans la nature, où ils deviennent des cibles vivantes pour quelques chasseurs privilégiés.

Ces animaux, souvent désorientés, non adaptés à la vie sauvage, sont incapables de fuir ou de survivre, ce qui entraîne un taux de mortalité élevé, doublé d’un stress extrême. Il s’agit clairement de mise à mort programmée, incompatible avec la notion même de bien-être animal telle que défendue dans les textes légaux wallons.

2. Une pratique dangereuse pour les riverains et les promeneurs

À Lasne et dans d’autres communes wallonnes, des habitants ont retrouvé des plombs de chasse dans leurs jardins. Des enfants, des animaux domestiques, des promeneurs et des cyclistes fréquentent quotidiennement les chemins bordant les zones de tir. Cela soulève une question majeure de sécurité publique surtout qu’un fusil de chasse à une portée d’au moins 1 kilomètre jusqu’à plus de 3 kilomètres.

Comment peut-on encore justifier, en 2025, que des citoyens soient mis en danger pour ne pas contrarier les plaisirs morbides de quelques privilégiés ? L’impression laissée est que les intérêts particuliers de certains chasseurs bien introduits l’emportent sur la sécurité, la morale et l’éthique.

3. Une attente citoyenne forte et légitime

Les milliers de citoyens qui ont signé la pétition, et ceux qui continuent à le faire chaque jour, attendent une réponse claire de votre part. La Flandre a déjà interdit ce type de lâchers à des fins de tir. Pourquoi la Wallonie tarde-t-elle à suivre cet exemple de bon sens ? La Wallonie doit-elle être en retard sur la protection du vivant ?

Monsieur le Ministre, votre silence ne peut plus être interprété autrement que comme une forme de caution donnée à ces pratiques. En tant que ministre du Bien-être animal, vous avez le pouvoir d’agir, et plus encore, le devoir moral de le faire.

Je reste à votre disposition pour toute rencontre ou échange visant à faire évoluer ce dossier. Vous trouverez ci-joint la pétition complète, ainsi qu’une sélection de commentaires de citoyens indignés, que je vous invite à lire avec attention.

Lien vers la pétition : https://www.mesopinions.com/petition/animaux/stop-aux-lachers-massifs-faisans-canards/243413

En pièce jointe un fichier pdf du texte de la pétition et les commentaires de citoyens indignés par ces chasses.

Dans l’attente de votre réponse claire et constructive, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de ma considération citoyenne.

Réponse du 11 juillet 2025

Monsieur Wirickx,

Comme indiqué à l’instant sur votre messagerie téléphonique, j’accuse bonne réception de votre courriel de ce jour adressé au Ministre-Président relatif au sujet repris en objet.

Cette problématique relève de la compétence de sa collègue en charge de la chasse, madame Anne-Catherine Dalcq. Je transmets votre courrier à son cabinet afin qu’il puisse en prendre connaissance et en assurer le suivi adéquat.

Bien cordialement,

Interpellation du 23 août 2025

Monsieur,

La rentrée politique commence. Pour plus de 200.000 faisans et canards colverts importés en Wallonie, elle sera la dernière : ils vont être massacrés dans les semaines, les mois à venir.

Pas pour réguler. Pas pour repeupler. Mais pour amuser quelques privilégiés armés.

Vous le savez :

  • En 2003, le Parlement wallon a voté une résolution condamnant ces lâchers.
  • En 2023, même des chasseurs demandaient leur arrêt.
  • En 2024, tous les partis francophones se sont prononcés contre.

Et pourtant, rien n’a changé. Le carnage continue.

Le débat est clos depuis longtemps :

  • Soit vous êtes du côté des chasseurs qui transforment nos forêts en stands de tir et menacent l’intégrité physique des riverains.
  • Soit vous êtes du côté du progrès, du vivant, des 31.000 citoyens qui exigent la fin de ces pratiques.

Le train du progrès et de la défense du vivant est en marche. Aurez-vous le courage de le prendre, ou laisserez-vous d’autres formations politiques monter à votre place… et récolter la voix des citoyens ulcérés par vos silences ?

Animals Protect, pour sa part, continuera sans relâche, à mobiliser, à combattre ces exécutions sommaires, jusqu’à leur interdiction définitive.

Réponse du 09 Septembre 2025

Monsieur Wirickx,

Nous accusons réception de votre message du 23 août dernier dont l’objet est « 200.000 faisans et canards abattus. Et vous laissez faire ? »

La problématique concernée relève de plusieurs niveaux de compétence, à savoir le niveau fédéral en ce qui concerne les autorisations d’importation des animaux destinés à être lâchés dans la nature, et le niveau régional pour ce qui concerne le devenir de ces animaux une fois relâchés dans la nature.

Monsieur le Ministre-Président Adrien Dolimont n’a jamais eu l’intention de se retrancher lâchement derrière un autre niveau de pouvoir ou de compétence pour échapper à ses responsabilités.

Puisque le sort de ces animaux une fois relâchés, qu’ils soient élevés en Wallonie ou importés, concerne tout autant le domaine de la chasse que les enjeux en matière de bien-être animal, je vous confirme que Monsieur le Ministre-Président se concerte bien avec la Ministre de l’Agriculture en charge de la Faune sauvage de la Chasse, afin de mettre en œuvre des mesures de protection concrètes et efficaces en faveur de ces animaux. L’analyse est en cours.

Interpellation du 10 Septembre 2025

Monsieur,

Je vous remercie à nouveau pour votre réponse.

Néanmoins, comme aucune date n’est mentionnée pour la mise en place de l’interdiction des lâchers de gibiers destinés à la chasse de « loisir », je vais me permettre d’être, moi, plus explicite.

Rappel :

  • En 2003, le Parlement wallon votait à l’unanimité une résolution qui contenait notamment le principe suivant (PW, 2003) : « Il n’y a chasse que quand l’animal chassé est un animal sauvage capable de se défendre ayant pu se développer, se déplacer, s’alimenter et se reproduire dans des conditions naturelles. ». Je pense que les faisans élevés en cage, nourris par l’humain et importés ne sont pas capables de se défendre contre des types armés de fusils de chasse. Imaginez-vous courir nu dans la forêt, poursuivi par des bêtes sanguinaires : combien de temps vivrez-vous ?
  • En juin 2024, tous les partis (MR, PS, Ecolo, DéFI, Engagés et PTB) se sont positionnés contre les lâchers massifs d’oiseaux d’élevage pour le tir.
  • Je pourrais aussi, afin de clôturer l’argument « ce n’est pas moi, c’est l’autre », quand en plus on est du même parti. Rappeler-vous qu’en période Covid il n’a pas fallu des mois, tous partis confondus, fédéral, régional, sans oublier les différents ministères (intérieur, social, santé)  pour restreindre les libertés de 11 millions de citoyens belges. De plus, lorsque les différents gouvernements ont pris la décision de fermer les théâtres et les cinémas (des lieux jugés hautement pathogènes), il a suffi que quelques milliers d’acteurs et de comédiens défilent pour rouvrir, les jours suivants, ces lieux devenus miraculeusement sains car en théorie tous devaient porter un masque ; à votre avis que se passait-il une fois la lumière éteinte ? Preuve que malgré les régions, les différents partis et ministères, tout peut se régler en quelques jours. Il suffit de le vouloir.

Info complémentaire : la pétition contre les lâchers de faisans et de canards colverts à Lasne a récolté plus de 31.000 signatures. Combien de signatures vous faut-il pour enfin agir ?

Je pense qu’une dizaine de mots dans un décret suffiraient, du style : « En Wallonie, interdiction d’élever, d’importer des animaux destinés à la chasse. »

Et pour les petits malins chasseurs qui chercheraient à détourner le texte pour continuer à assouvir leur besoin sanglant, ajouter : « Suite aux méfaits et aux tueries des chasseurs, le repeuplement, pour des raisons objectives et scientifiques, ne pourra se faire qu’avec parcimonie et précaution. »

Nous pouvons évidemment envisager, que suite aux dégâts occasionnés à la faune par les chasseurs, que ceux-ci soient lâchés dans la nature. Les touristes ne feront pas la différence, peut-être le gilet orange les interpellerait, car un chasseur, tout comme le sanglier, est robuste, velu, bien portant avec un ventre conséquent, pue des pieds et grogne toujours. La preuve étant que lorsqu’un chasseur blesse ou tue un autre chasseur, il argumente qu’il l’a pris pour un sanglier.

Je sais déjà que vous pourriez être tenté de vous retrancher derrière un jeu de compétences. Mais les lâchers ont bien lieu en Wallonie, et le bien-être animal (tous les animaux !) relève exclusivement de la Wallonie. Vous avez donc, vous et votre gouvernement, non seulement la légitimité mais surtout le devoir d’interdire immédiatement cette pratique.

Il n’est plus question « d’analyses en cours » ou de « concertations » : tous les partis politiques wallons se sont déjà prononcés contre cette barbarie. Il est donc grand temps d’enfin prendre des dispositions, car c’est déjà maintenant que ces pauvres animaux vont être tirés comme à la foire pour amuser certains qui n’ont rien d’autre de productif à faire au cours de leur misérable existence.

Je vous demande donc explicitement : comptez-vous déposer, d’ici fin 2025 (le plus tôt possible), un décret interdisant l’élevage, l’importation et les lâchers de gibiers d’élevage destinés à la chasse de loisir en Wallonie ?

Une réponse simple  « oui ou non »  suffira. Les citoyens, eux, attendent depuis plus de vingt ans.

Sans interdiction immédiate, soyez assuré que nous poursuivrons nos actions, y compris sur le terrain, afin de mettre fin à ces exécutions programmées.

Echange d’e-mails avec Anne-Catherine Dalcq

Anne-Catherine Dalcq est membre du parti politique belge MR (Mouvement Réformateur). Elle est la ministre wallonne de l’Agriculture, de la Ruralité, de la Forêt, de la Nature, de la Chasse et de la Pêche)

Interpellation du 10 juillet 2025

Madame la Ministre,

En tant que Ministre de l’Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt, de la Chasse et de la Pêche, vous êtes directement concernée par une pratique que de très nombreux citoyens estiment aujourd’hui dépassée, cruelle et dangereuse : les lâchers massifs de faisans et de canards colverts à des fins de chasse de loisir.

Ce sont plus de 200.000 oiseaux (chiffre Afsca), qui ont été élevés en cage, importés puis lâchers afin d’être tirés comme à la foire. Un chiffre astronomique de souffrance et de mort pour le plaisir de quelques dizaines de chasseurs triés sur le volet. Face à cela, toute personne soucieuse d’éthique et de respect du vivant ne peut rester indifférente.

À Lasne, commune du Brabant wallon, ces lâchers sont devenus un rituel cynégétique organisé au profit d’un petit cercle d’initiés, tandis que la majorité des habitants les subissent en silence. Plus de 30.750 citoyens ont signé une pétition demandant l’interdiction de cette pratique. Plus de 300 commentaires ont également été déposés en ligne, exprimant colère, tristesse ou inquiétude.

Ces lâchers posent des questions fondamentales :

  • Pourquoi autoriser encore aujourd’hui dans nos campagnes wallonnes le lâcher d’animaux d’élevage pour le simple plaisir de les abattre parfois à même le sol ?
  • Ces oiseaux sont souvent élevés en cages, stressés, incapables de fuir correctement, et finissent blessés ou exécutés en plein vol.
  • Cette pratique est incompatible avec tout discours sérieux en matière de bien-être animal, de biodiversité ou de cohérence éthique.

Pourquoi exposer les riverains, les enfants, les animaux domestiques à un réel danger ?

Des plombs sont régulièrement retrouvés dans les jardins et terrains proches des zones de tir à Lasne.

Les habitants nous interpellent directement : sommes-nous pris en otage pour ne pas contrarier les loisirs morbides d’un petit groupe privilégié, parfois bien placé dans les cercles communaux ?

Pourquoi la Wallonie persiste-t-elle là où la Flandre a décidé d’agir ?

Depuis 2014, la Flandre a interdit les lâchers de gibier à plumes pour la chasse. Ce choix courageux démontre qu’une autre voie est possible, même dans une région historiquement attachée à la chasse.

Les citoyens wallons attendent de leurs représentants du courage politique et de la cohérence morale. Le bien-être animal et la sécurité publique ne peuvent rester relégués au second plan sous prétexte de tradition.

Nous vous demandons donc officiellement :

  • D’envisager une interdiction des lâchers de gibier à plumes à des fins de chasse, comme en Flandre.
  • De réévaluer les autorisations de chasse accordées dans des zones proches des habitations, en particulier à Lasne, où des faits graves nous ont été signalés.

Dans l’attente d’une réponse claire, nous nous tenons à votre disposition pour toute rencontre ou transmission de données complémentaires.

Voici le lien de la pétition : https://www.mesopinions.com/petition/animaux/stop-aux-lachers-massifs-faisans-canards/243413

Ci-joint la pétition et les commentaires publiés.

Veuillez recevoir, Madame la Ministre, l’expression de notre haute considération.

Réponse du 19 août 2025

Monsieur Wirickx,

J’ai bien pris connaissance de votre message relatif aux lâchers de faisans et de canards à Lasne, ainsi qu’à la pétition actuellement en circulation. Je comprends que ces pratiques puissent susciter des interrogations, des préoccupations légitimes, et alimenter un débat important au sein de la société.

Sur le plan juridique, la loi du 28 février 1882 habilite le Gouvernement wallon à fixer les conditions encadrant les lâchers de gibier. Il s’agit là d’une différence notable avec la Flandre, dont le cadre repose sur un décret adopté en 1991. En Wallonie, un arrêté du Gouvernement interdit les lâchers de petit gibier et de gibier d’eau dans les trente jours précédant l’ouverture de la chasse de l’espèce concernée. Les aspects sanitaires, quant à eux, relèvent de la compétence fédérale et sont suivis par l’AFSCA.

À ce jour, la réglementation ne prévoit pas de limitations spécifiques en matière de nombre ou de provenance des animaux relâchés.

Dans le contexte actuel, j’ai souhaité initier une série de consultations sur cette question. Plusieurs échanges ont déjà eu lieu avec des parties prenantes aux sensibilités diverses, dans un esprit d’écoute et d’ouverture. Je prends acte des éléments que vous portez à ma connaissance et qui viendront utilement nourrir cette réflexion.

Dans les limites du cadre légal actuel, il apparaît souhaitable, pour la préservation de la petite faune des plaines, de favoriser l’amélioration des habitats naturels. Cela permettrait, lorsque des lâchers s’avèrent nécessaires à la préservation de certaines populations, de les réaliser de manière cohérente avec la capacité d’accueil du milieu, tout en prenant en compte les enjeux sanitaires, environnementaux et génétiques.

Je vous prie de croire, Monsieur Wirickx, en l’assurance de ma considération distinguée.

Interpellation du 19 août 2025

Madame la Ministre,

Je vous remercie d’avoir pris le temps de me répondre.

Cela dit, permettez-moi de vous dire que face à la souffrance bien réelle des centaines de milliers de faisans et de canards importés chaque année en Wallonie, votre réponse me semble terriblement déconnectée. Ces oiseaux, élevés en cage, relâchés pour être immédiatement abattus comme à la foire, méritent autre chose qu’un rappel de vieilles lois de 1882 ou des consultations restées sans conséquence.

Ce sujet n’est ni nouveau ni marginal. Dès 2003, le Parlement wallon avait voté à l’unanimité une résolution rappelant qu’il « ne peut y avoir chasse que lorsque l’animal chassé est un animal sauvage capable de se défendre dans des conditions naturelles. » En 2023, une quarantaine de représentants du monde de la chasse eux-mêmes ont demandé au ministre Borsus l’arrêt des lâchers de tir. Même votre président, M. Bouchez, a indiqué publiquement ne soutenir que les lâchers destinés au repeuplement. En juin 2024, tous les partis politiques interrogés par le collectif Stop aux Dérives de la Chasse se sont dits opposés aux lâchers massifs de tir. Pourtant, la Déclaration de Politique Régionale parue en juillet ne promet toujours aucune mesure concrète.

Nous ne parlons ici ni de régulation, ni de maintien d’espèces locales, ni d’amélioration d’habitats. Nous parlons de lâchers pour le loisir de tuer, d’un massacre ludique organisé dans des propriétés privées au mépris du bien-être animal et de la sécurité des riverains.

Ce jeu politique consistant à « consulter » pendant qu’on continue de tuer ressemble davantage à une stratégie de diversion qu’à une réelle volonté de changement.

Vous parlez d’écouter toutes les sensibilités, mais chacun sait que votre département est sous influence directe des cercles cynégétiques. Comment espérer une réforme réelle si l’on confie cette réflexion… au secteur qui tire profit de ces lâchers ?

Je vous rappelle que même M. Willy Borsus s’est prononcé contre cette pratique. Le débat est en réalité très simple :

  • Les chasseurs disent : « Nous voulons continuer à abattre des animaux sans défense pour notre plaisir, parce que nous aimons tuer des êtres vivants ».
  • Animals Protect, AnimalWeb Belgique, et plus de 31.000 citoyens disent : « Ce n’est plus tolérable. »

Il n’est donc pas nécessaire de multiplier les réunions ou de lancer des consultations stériles. Soit on interdit cette pratique archaïque, soit on continue de l’encourager. Il n’y a pas de troisième voie.

Animals Protect poursuivra le travail sur le terrain, aux côtés des riverains, pour documenter chaque lâcher, chaque tir et mobiliser les citoyens. Ce n’est plus une simple demande : c’est une exigence. Tant que ces massacres continueront, nous continuerons à agir.

Veuillez recevoir, Madame la Ministre, l’expression de ma considération.

Des échanges qui révèlent le mépris des politiques wallons pour le sort des animaux

Ce dossier met en lumière l’écart abyssal entre les discours politiques et la réalité. Depuis plus de vingt ans, les partis wallons promettent d’en finir avec les lâchers massifs d’oiseaux d’élevage destinés à la chasse de loisir. En 2003 déjà, le Parlement wallon adoptait à l’unanimité une résolution claire. En 2024, tous les partis francophones se déclaraient opposés à cette pratique. Même certaines figures politiques majeures, comme Georges-Louis Bouchez ou Willy Borsus, se sont publiquement prononcées contre. Et pourtant, en 2025, rien n’a changé. Chaque automne, les mêmes scènes de cruauté et de danger se répètent, tolérées par une inertie institutionnelle qui revient à cautionner ces massacres.

La conclusion est simple : soit la Wallonie choisit enfin le courage politique et interdit ces lâchers, comme la Flandre l’a déjà fait, soit elle continuera d’alimenter la colère des citoyens. Car face à la souffrance animale, à l’atteinte à la biodiversité et à la mise en danger des riverains, le temps des consultations et des promesses est terminé. Place désormais à l’action. Les citoyens, eux, ne désarmeront pas et continueront à exiger que justice soit rendue aux animaux et que cesse cette barbarie d’un autre âge.

Animals Protect : rien ne nous arrêtera

Face au silence politique et aux promesses sans lendemain, Animals Protect choisit l’action. Nous irons sur le terrain pour documenter chaque lâcher, chaque tir, et montrer aux citoyens la réalité crue de ces chasses dites « de loisir ». Les élus peuvent continuer à tergiverser, mais ils ne pourront pas ignorer indéfiniment la vérité ni la volonté des citoyens qui sont contre la chasse. Rien n’arrêtera Animals Protect tant que cette barbarie n’aura pas pris fin.