
Alors que plus de 30.400 citoyens ont déjà signé la pétition dénonçant les lâchers massifs de faisans et de canards destinés à la chasse dite « de loisir » en Wallonie, le Mouvement Réformateur (MR) a confirmé noir sur blanc sa position : le parti n’est pas favorable à l’interdiction de ces pratiques, pourtant largement contestées par les défenseurs du bien-être animal.
Dans une réponse rapide, presque automatique, le MR affirme soutenir une « gestion encadrée, équilibrée, pragmatique du territoire et de la biodiversité ». Mais cette rhétorique cache une vérité dérangeante : le MR choisit de préserver les privilèges d’une minorité de chasseurs au détriment d’un progrès sociétal évident, celui du respect de la vie animale.
Une pratique cruelle, encadrée ne veut pas dire éthique
Ces lâchers d’animaux, encadrés ou non, concernent des centaines de milliers de faisans et de canards colverts élevés dans des conditions intensives, souvent importés de France, de Hollande ou de Pologne. Ces oiseaux, familiers de l’humain parce qu’ils ont été nourris par lui, n’ont aucune chance de survie en milieu naturel. Certains ne fuient même pas à l’approche des fusils. Il arrive même que les chasseurs doivent leur jeter des pierres pour les faire décoller avant de les abattre à bout portant. Voilà le spectacle que l’on autorise encore aujourd’hui, au nom d’une prétendue tradition rurale.
Une trahison des engagements électoraux
Ce qui choque encore davantage, c’est la rupture entre les engagements publics du MR avant les élections – notamment ceux de son président Georges-Louis Bouchez ou du ministre wallon Willy Borsus, qui parlait d’une pratique inacceptable – et la position désormais assumée par le parti : refus catégorique d’interdire ces lâchers.
Derrière cette volte-face, difficile de ne pas y voir l’influence des lobbies cynégétiques, très présents dans certains cercles de pouvoir. L’idée même de concilier bien-être animal et chasse de loisir est une absurdité. Et pourtant, le MR continue d’entretenir cette fiction.
Un silence politique assourdissant
Mais au-delà du MR, c’est le silence de l’ensemble de la classe politique wallonne qui interroge. Aucun autre parti n’a daigné répondre aux interpellations citoyennes, malgré plusieurs relances. Ce mutisme est révélateur : le sujet dérange, car il confronte chacun à ses contradictions.
En Flandre, pourtant, ces pratiques sont désormais interdites, preuve qu’une autre voie est possible. Pourquoi la Wallonie accuse-t-elle un tel retard ? Est-elle à ce point paralysée par les intérêts privés ? Ou bien pense-t-elle que la cause animale n’a pas sa place dans l’agenda politique ?
Une opinion publique éveillée, un combat qui continue
Heureusement, la mobilisation ne faiblit pas. Grâce au soutien de plateformes comme MesOpinions.com, la pétition continue de rassembler chaque jour de nouveaux signataires. Plus de 330 commentaires poignants y témoignent de l’indignation et de la souffrance ressenties par une population de plus en plus sensible au sort des animaux.
Nous tenons à remercier chaleureusement tous les signataires pour leur engagement. Grâce à vous, le débat est lancé, et nous ne le laisserons pas s’éteindre, malgré les tentatives politiques de le reléguer au second plan.
Le MR a fait son choix. Celui de la chasse. Et tant que d’autres partis garderont le silence, ils seront, eux aussi, complices de cette barbarie légalisée. À nous de continuer à porter la voix des sans-voix.
Réponse du Mr à une interpellation par mail le 01 juillet 2025
Monsieur,
Nous avons bien reçu votre interpellation relative aux lâchers de faisans et de canards, et nous comprenons que ce sujet suscite de vives réactions chez un certain nombre de citoyens attachés à la cause animale.
Nous tenons tout d’abord à rappeler que le MR est depuis longtemps engagé en faveur du bien-être animal, avec des avancées concrètes et équilibrées dans de nombreux domaines, mais aussi dans le respect des traditions, des équilibres ruraux et de la réalité du terrain.
Concernant les lâchers de gibiers, notre position est claire : nous ne sommes pas favorables à leur interdiction généralisée. Il s’agit d’une pratique encadrée, soumise à des obligations sanitaires strictes (certification AFSCA), et qui concerne un grand nombre de petits territoires où des passionnés gèrent leur environnement, entretiennent les paysages, pratiquent la chasse dans un esprit de convivialité, de gestion raisonnée et de respect de la nature.
Il est important de rappeler que l’épisode de grippe aviaire de 2022 a été introduit par des oiseaux migrateurs et non par les faisans ou les canards domestiques. Aucun cas de mortalité de canards d’élevage n’a été observé malgré d’importants repeuplements cette année-là.
Ouvrir ce dossier aujourd’hui reviendrait à fragiliser tout un écosystème cynégétique local, au profit d’un effet d’affichage qui n’apporterait ni solution durable ni avancée réelle. C’est en soutenant une gestion encadrée, équilibrée, pragmatique du territoire et de la biodiversité que nous voulons avancer, et non par des interdictions généralisées qui pénaliseraient massivement des centaines de territoires ruraux.
À la différence d’autres Régions, la Wallonie a toujours cherché à travailler en concertation avec les acteurs de terrain, plutôt que dans la stigmatisation. C’est ce cap que nous continuerons à défendre.
Nous vous remercions néanmoins pour votre engagement, et restons à l’écoute des différentes sensibilités dans le cadre de ce débat.
L’Equipe du MR